Certains assurés ayant commencé à travailler avant 20 ans pourront partir avant l’âge légal, sous réserve de conditions strictes. D’autres, à carrière hachée, devront patienter plusieurs mois supplémentaires, malgré une durée de cotisation suffisante.
Le report de l’âge légal à 64 ans s’appliquera dès 2025 à l’ensemble des générations nées après 1961. Les dispositifs de départ anticipé subissent, eux aussi, des ajustements qui modifient l’accès à la retraite avant l’âge officiel. Les règles évoluent, les exceptions persistent, compliquant la préparation de la fin de carrière.
Ce qui change vraiment pour l’âge légal de la retraite en 2025
Depuis la réforme des retraites 2023, le curseur avance pour tous les actifs. L’âge légal de départ à la retraite s’établit désormais à 64 ans pour celles et ceux nés à partir de 1968. Pour les natifs 1961 à 1967, la montée s’effectue par paliers : trois mois de plus par année de naissance. Le jalon des 62 ans n’existe plus. Pour décrocher le taux plein, il faudra réunir 172 trimestres, soit 43 années de carrière effectives.
Ce glissement n’est pas anodin. Les nouvelles règles bouleversent la donne pour les salariés du privé, les indépendants, mais aussi pour les fonctionnaires : leur âge légal grimpe à 59 ans pour les postes classés en catégorie active, et 54 ans pour la super-active. Les régimes spéciaux quant à eux, ont fermé leurs portes aux nouveaux recrutements depuis 2023. Tout semble aller vers une harmonisation, mais la réalité reste bien plus bigarrée.
Le minimum contributif (Mico) est désormais revalorisé chaque 1er janvier, calqué sur l’évolution du SMIC. Ce socle garantit un revenu minimal pour les carrières modestes. À partir de 63 ans, une surcote parentale s’ajoute pour celles et ceux qui ont bénéficié de trimestres de majoration pour enfant. À l’inverse, des trimestres manquants entraînent une décote, rognant le montant de la pension.
Quelques dispositifs spécifiques restent en place et méritent d’être cités :
- Le compte professionnel de prévention (C2P) permet de cumuler des trimestres grâce à la pénibilité.
- L’AGIRC-ARRCO ajuste ses règles, rendant possible la retraite progressive dès 60 ans.
- Les périodes d’AVPF et d’AVA sont désormais considérées comme cotisées pour le calcul du minimum contributif.
La retraite minimum progresse, lentement mais sûrement. Quant au plafond de récupération sur succession de l’Aspa, il grimpe à 100 000 € en septembre 2023 (150 000 € dans les DROM).
Les règles se complexifient, les dérogations se multiplient. Mais une ligne ressort : il faut travailler plus longtemps, l’accès à la retraite se transforme, se décale, et se révèle rarement simplifié.
Retraite anticipée : qui peut partir plus tôt et dans quelles conditions ?
La retraite anticipée change de contours, mais le principe reste : partir plus tôt reste possible, sous réserve de remplir des critères précis. Le dispositif central, c’est la carrière longue. Ceux qui ont commencé à travailler à 16, 18, 20 ou 21 ans (en fonction de leur année de naissance) peuvent envisager un départ anticipé, à condition d’avoir cumulé assez de trimestres cotisés. Avec la nouvelle grille, partir dès 58 ans devient réalisable pour les plus précoces ; pour les autres, ce sera 60, 62 ou 63 ans. Pour savoir où l’on se situe, un examen attentif du relevé de carrière s’impose.
Certains actifs disposent de dispositifs particuliers :
- Les travailleurs handicapés peuvent partir dès 55 ans, si leur taux d’incapacité permanente atteint au moins 50 % et qu’ils remplissent la durée d’assurance exigée.
- Les personnes reconnues en maladie professionnelle ou en incapacité permanente d’au moins 20 % peuvent demander la retraite dès 60 ans. Pour un taux compris entre 10 et 19 %, il est possible de partir deux ans avant l’âge légal, à condition de justifier d’une exposition professionnelle suffisante.
La retraite progressive prend une place nouvelle : à partir de septembre 2025, elle sera ouverte dès 60 ans, sous réserve d’avoir validé 150 trimestres et d’exercer une activité comprise entre 40 et 80 % d’un temps complet. Salariés du privé comme fonctionnaires peuvent en profiter, à condition que l’employeur accepte le passage au temps partiel. Cela permet de cumuler une fraction de la pension et des revenus d’activité, offrant une transition plus douce vers la cessation d’activité.
D’autres statuts ouvrent droit à des aménagements :
- Les sapeurs-pompiers volontaires peuvent obtenir des trimestres supplémentaires au titre de leur engagement.
- Les sportifs de haut niveau voient jusqu’à 32 trimestres assimilés pris en compte.
- Les élus locaux cotisent sur leurs indemnités de fonction, ce qui valorise leur retraite future.
Enfin, la pension d’orphelin peut être versée jusqu’à 21 ans, voire jusqu’à 25 ans sous conditions, pour les enfants ayant perdu un parent assuré.
Se préparer dès maintenant : comment adapter ses projets face à la réforme
Ne tergiversez pas : il faut anticiper. La réforme des retraites bouscule le calendrier et les repères. L’âge légal à 64 ans pour les générations nées à partir de 1968 redistribue les cartes. Pour celles et ceux qui visent un départ à taux plein, la barre est fixée : 172 trimestres à valider. L’ajustement de carrière devient inévitable.
Pour s’y préparer, chaque salarié a intérêt à passer au crible son relevé de carrière, repérer les éventuels “trous”, valoriser chaque trimestre acquis. Les indépendants et micro-entrepreneurs, eux, devront s’assurer que leurs cotisations couvrent bien quatre trimestres : en 2025, cela suppose 7 128 € de revenus bruts soumis à cotisations.
La retraite progressive s’impose peu à peu comme une option de choix. Dès septembre 2025, elle s’ouvre à partir de 60 ans pour 150 trimestres validés et un temps de travail réduit. Cet accès élargi résulte d’un accord unanime signé par les partenaires sociaux CFDT, CFTC, FO, CFE-CGC, MEDEF, CPME, U2P à l’automne 2024. L’employeur devra justifier son refus en cas de demande de temps partiel.
Il devient stratégique d’imaginer plusieurs configurations. Cumul emploi-retraite, arbitrage entre décote et surcote, optimisation du minimum contributif revalorisé, recours à un accompagnement spécialisé (par exemple, Cerfrance Brocéliande pour les indépendants) : les droits s’adaptent, les stratégies aussi. Les attentes ne faiblissent pas : du côté de Solidaires Finances Publiques, la demande reste la retraite à 60 ans et la suppression de la décote. Les choix individuels prennent une dimension nouvelle à la lumière de la réforme.
Face à ces changements, chacun doit repenser ses projets, ajuster ses trajectoires, et tenir compte d’un paysage qui, d’année en année, se redessine. Le compte à rebours a commencé : la retraite ne se prépare plus comme avant, et il serait risqué de fermer les yeux sur ces nouveaux paramètres.